Passe le temps, vienne le temps ! - Mihai Eminescu
MIHAI EMINESCU
Passe le temps, vienne le temps ! 125 poèmes Version française de Paula ROMANESCU
Avant propos
Le temps nous rappelle que 125 ans passèrent depuis 1889, l’année où, le 15 juin, les tilleuls couvraient de fleurs la terre où le poète roumain le plus représentatif du XIX-e siècle allait reposer après sa courte durée sous le ciel. Mais si sa vie fut brève*, son œuvre est immense. Pour marquer le temps passé, les 125 poèmes de ce recueil en témoignent à leur manière : vienne le temps ! Car le poète est contemporain avec les papillons, avec l’éternité. Car vraiment le temps n’y est pour rien tant que sur la terre des hommes il y aura de l’amour, de la souffrance, de l’espoir, du désespoir et que les mots pour le dire auront dans la mémoire des mortels l’écho des vers de ce poète – frère des étoiles, astre errant et solitaire qui exprima mieux que personne l’âme roumaine où fleurit la plus douce mauvaise herbe – l’intraduisible dor. Nous, les lecteurs, nous avons l’habitude de compter les jours, les années, les secondes comme si le monde n’était qu’un chiffre. Il est beaucoup plus. La poésie d’Eminescu nous le dit largement. En XX-e siècle, un autre grand poète roumain – Marin Sorescu (1936-1996) – a créé le meilleur portrait littéraire du poète que notre peuple nomma « Hypérion » . Le voici :
« Eminescu n’a pas existé. Il n’existait qu’un beau pays au bord d’une mer Où les vagues font des nœuds blancs Comme une barbe mal peignée de vieux prince. Il existait encore quelques eaux semblables aux arbres coulants Où la lune fait son nid rond. Et surtout il y avait des gens simples – Mircea Le Vieux, Etienne Le Grand** Ou tout simplement des bergers, des laboureurs Qui aimaient dire le soir auprès du feu des poésies : Mioritza, et Hypérion, et Lettre III…*** Mais puisqu’on entendait toujours les chiens aboyer à leur bergerie, Ils s’en allaient lutter avec les Tatars, avec les Avars, Avec les Huns, avec les Polonais, avec les Turcs… Le temps qui leur restait entre deux dangers, Ces hommes-là faisaient de leurs flûtes des auges Pour les larmes des pierres attendries Ainsi que les doïnas se mettaient à couler doucement De toutes les montagnes de Valachie, de Moldavie, Du Pays de Bârsa, du Pays de Vrancea et, D’autres pays roumains. Il y avait aussi des forêts épaisses Et un jeune homme qui leur parlait et leur demandait Pourquoi tremblaient-elles toujours avec ou sans vent… Ce jeune homme aux yeux grands comme notre histoire, Passait, ravi de ses rêves, du livre cyrillique au livre de la vie En comptant les peupliers de la lumière, De l’amour ou de la raison Qui lui restaient toujours impairs. Il y avait encore des tilleuls et les deux amoureux Qui savaient en amasser toutes les fleurs par un baiser. Et il y avait des oiseaux comme des nuages Qui flottaient au-dessus de leurs têtes En longues prés toujours mouvementés. Et puisque toutes ces choses-là devaient porter un nom – Un seul nom, On les a nommées Eminescu. »
N.O, Cartea va fi prezentata la intalnirea grupului de la Observatorul in 15 ianuarie 2017
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Paula Romanescu 1/10/2017 |
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